Paris,
le 1er mars 2001 - Numéro 2001-4
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Quand le First Mover Advantage devient First Looser Advantage | |||
Autre élément récurrent de ces business models morts-nés : la plupart de ces sociétés n'ont souvent que très peu investit de ressources dans l'analyse comportementale proprement dite avant de se lancer dans leur course, préférant se fier à leur "intuition". Résultats : des échecs à profusion (cf. le business model de l'achat groupé). |
Mais dans ces derniers cas, la "casse" est restée limitée car les produits vendus étaient la plupart du temps dématérialisables. Par contre, lorsque vous décidez de concurrencer directement le réseau logistique que des bricks-and-mortars ont souvent mis plusieurs décennies à constituer, les investissements nécessaires ne sont évidemment plus du même ordre. Les difficultés actuelles d'acteurs tels que Webvan ou Amazon trouvent ainsi leurs origines dans cette obligation de se constituer une infrastructure coûteuse et ce, en trop peu de temps pour être capables d'éviter des erreurs de jeunesse inévitables. Webvan, premier distributeur d'épicerie on line, et ayant déjà investi plus d'un milliard de dollars dans son business model, doit aujourd'hui d'urgence réussir à convaincre les investisseurs de continuer à le soutenir. Faute d'avoir
levé près de 100 millions de dollars d'ici quelques mois,
il risquera en effet la faillite pure et simple. Une somme pas si confortable que cela, lorsque l'on "brûle" 100 millions de dollars par trimestre Comment as t-on pu en arriver là avec déjà plus d'un milliard de dollars investis ? Et bien, comme de nombreux autres échecs sur le Net, l'origine des difficultés de Webvan repose sur un certain nombre de "postulats" et d'hypothèses manquant pour le moins de bases solides :
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Cerise sur le gâteau, Webvan avait réussi à attirer, comme chief executive, George Shaheen, qui avait quitté pour elle la direction d'Andersen Consulting (aujourd'hui Accenture). De quoi rassurer et la Bourse et les investisseurs sur la viabilité du business model. Or voilà que le first mover advantage est en train de se transformer en first loser advantage En effet, si Webvan est bien devenu aujourd'hui le premier site de vente d'épicerie on line, il risque aussi de devenir prochainement la première plus grosse faillite online depuis la création d'Internet. La fermeture du dépôt de Dallas en est le premier signe tangible avec 220 licenciements. De même, les livraisons ne sont plus garanties en 30 mais en 60 minutes et sont devenues payantes pour tout panier inférieur à 70 dollars. Lorsque vous n'arrivez pas à augmenter suffisamment le nombre de vos clients, il ne vous reste plus qu'à réduire vos coûts ! Les ventes de Webvan tardent en effet à décoller. En Californie du Sud, il lui faudrait atteindre les 2.800 à 3.000 commandes par jour pour atteindre l'équilibre et le site n'arrivait pas encore à dépasser les 2.250 au cours du dernier trimestre 2000. Et l'on touche ici encore un peu plus à la mauvaise appréciation de l'aptitude d'Internet à changer nos habitudes de consommation. Même si Webvan a réussi à attirer (pour un coût particulièrement élevé) un nombre important de clients, ceux-ci n'achètent pas assez régulièrement on line pour que le site puisse espérer à courte échéance rentabiliser ses investissements. Que l'on en juge : le nombre moyen de commandes trimestrielles parmi les clients existants de Webvan s'élève aujourd'hui à seulement 1,8 !!! Nous sommes donc très loin des taux moyens de commandes des hyper et supermarchés bricks-and-mortars. |
Tout ceci ressemble plus à une déroute annoncée qu'à une véritable stratégie on line et ne devrait pas plus rassurer les investisseurs. Au lieu de s'adapter progressivement à l'accroissement de taille de son marché on line et de se limiter au début à quelques marchés majeurs, la folie des grandeurs de Webvan, sa volonté d'être "le premier" lui a fait oublier les principes de base de tout business. Webvan aura ainsi travaillé "à l'envers" depuis sa création. Ce n'est en effet qu'aujourd'hui, contrainte et forcée, que la société a décidé de diminuer le nombre de ses implantations, d'essayer enfin d'adapter ses coûts à ses recettes, à la véritable taille de son marché, à la demande réelle de ses clients Tout ceci n'était-il donc pas prévisible ? Les seuls acteurs ayant su rester pragmatiques auront été les bricks-and-mortars du secteur eux-mêmes qui avaient pourtant nettement moins d'atouts online que Webvan pour réussir. A cette différence près : leur expérience et leur connaissance parfaite des habitudes de consommation de leurs clients leur ont dicté de rester prudents et ils n'ont donc ouvert que des unités on line suffisamment modestes pour ne pas connaître les même déboires. La leçon à tirer est désormais habituelle dans le train des "décès" Internet :
Il aurait donc été nettement plus judicieux pour Webvan de s'associer à un grand de l'épicerie off line pour bénéficier de son infrastructure et pouvoir ainsi se concentrer sur les moyens à mettre en uvre pour inciter les consommateurs à acheter plus souvent que 1,8 fois par trimestre via des eServices basés sur le CRM (customer relationship management) à l'image de Peapod, concurrent de Webvan racheté par une chaîne de distribution alimentaire brick-and-mortar. |
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