La société américaine Pegasus Research International, dans son étude exclusive pour Barron's on line a analysé les résultats 1999 de 207 des plus importantes start-ups et en a conclu que sauf apport d'argent frais rapidement, plus de 50 d'entre elles seront en état de cessation des paiements avant un an.

Parmi ces sociétés, on note entre autres les noms de Vertical.net, Cybercash, E Loan, Ask Jeeves, eToys qui devraient toutes être en état de cessation des paiements dans moins de douze mois.

On imagine facilement l'impact que cette annonce a pu avoir sur le marché boursier.

Certes, cette prévision est "statique" et ne prend donc pas en compte la capacité de ces sociétés à lever des fonds supplémentaires avant l'échéance fatidique.

Pour autant, la chute des marchés de la nouvelle économie, couplée à l'augmentation croissante des besoins des start-ups représente un nouveau risque pour ces entreprises aux trésoreries déjà très fragiles.

De fait, la majeure partie d'entre elles ne peut espérer financer rapidement ses simples besoins d'exploitation sur ses futurs bénéfices, les dépenses représentant parfois plus de dix fois le montant des recettes...

La situation est donc grave. A celle-ci se rajoute l'inconscience de certains actionnaires, qui rend le diagnostic encore plus pessimiste.

En effet, les premiers bénéficiaires des deuxièmes tours boursiers sont le plus souvent les fondateurs et non l'entreprise elle-même ce qui rend encore plus difficile la recherche d'argent frais pour celle-ci.

Pegasus Research établit d'ailleurs une distinction parmi ces sociétés en précisant celles dont les fondateurs ont d'ores et déjà cédé plus de 25% du capital.

Un grave conflit d'intérêts est donc en train de se créer entre les fondateurs, les capitaux risqueurs et leurs sociétés. L'un des cas les plus flagrants est celui de MyPoints.com, start-up n'ayant plus que quatre mois de trésorerie positive devant elle et ayant offert quatre millions d'actions au public dont... 40% appartenant aux fondateurs et capitaux risqueurs.

Parmi les autres sociétés dont le capital a déjà été cédé au public à plus de 25% on note les start-ups suivantes : HomeStore.com ou encore Silverstream Software.

La comparaison des capitalisations de ces entreprises avec leur chiffre d'affaires ou encore leurs dépenses d'exploitation n'est pas non plus très rassurante.

Citons entre autres Akamai Technologies qui possède une capitalisation boursière de 23 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 2,7 millions de dollars et des dépenses d'exploitation de 30,8 millions.

Dans le top 50 des sociétés risquant de se trouver rapidement en état de cessation des paiements, Pégasus cite entre autres les start-ups suivantes :

• VerticalNet : 2 mois de trésorerie
• Cybercash : 5,6 mois de trésorerie
• E Loan : 7,35 mois de trésorerie
• Ask Jeeves : 7.75 mois de trésorerie
• Amazon.com : 10 mois de trésorerie
• eToys : 11 mois de trésorerie

Bien entendu toutes ces sociétés sont en déficit chronique de trésorerie.

Lorsque l'on sait qu'aux seuls États-Unis, les start-ups représentaient il y a encore un mois 8% du total de la capitalisation boursière américaine, on peut facilement imaginer l'impact que les difficultés de ces entreprises pourrait avoir dans certains secteurs économiques.

Source : Barron's Online (accès aux seuls abonnés)

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