emarkets newsletteremarket news
  e-market news
   
Paris, le 17 janvier 2001 - Numéro 2001/1
 
    e-technologie  

accueile-commercee-chiffrese-technologiee-humoure-archivese-sites
e-rapports
e-mail
eShopabilityabonnement gratuit

 

Pourquoi l'EDI va perdurer face au XML ?

 


Il est devenu un lieu commun dans la presse informatique de vouloir opposer systématiquement l'EDI au XML comme langages d'échanges de données entre les entreprises.

l'EDI serait certes un protocole largement répandu, mais qui souffrirait du vice rédhibitoire d'être propriétaire et donc de dépendre exclusivement d'accords entre entreprises.

Il serait donc très difficile d'adapter l'EDI aux nouvelles exigences d'échanges de données entre les systèmes d'information d'entreprises de plus en plus intégrés à l'Internet (intégration aux places de marché clients et fournisseurs, sites Web, développement des architectures en Web Services, recours aux services en mode ASP).


 


De plus l'EDI, de par sa nature, serait réservée aux grandes entreprises qui disposeraient souvent grâce à lui là d'un moyen de rétention de leurs fournisseurs impliqués dans ce type d'informatique qui ne pourraient plus s'en défaire que difficilement…

A contrario, XML, serait vu comme un langage universel d'échanges de données et porterait toutes les promesses d'un nouvel âge des relations informatiques inter-entreprises, délivrées de tout caractère propriétaire.

A l'image des autres langages Internet, l'évolution du XML ne serait plus dictée par les entreprises elles-mêmes mais par la communauté des développeurs Internet ce qui privilégierait la simplicité de mise en œuvre dans les échanges de données BtoB.

De plus, XML, dont les spécifications sont complètement ouvertes, ferait considérablement baisser les coûts d'intégration des flux d'informations inter-entreprises, ouvrant ainsi la possibilité aux petites et moyennes entreprises de se connecter aux systèmes d'information des grands donneurs d'ordre.

Dans cette vision "binaire" du marché qui s'est massivement imposée depuis 2 ans dans les revues informatiques, XML a donc vocation à remplacer rapidement l'EDI comme langage de référence dans les échanges d'informations inter-entreprises et bientôt l'EDI devrait rejoindre le cimetière des langages informatiques !

Il faut dire que cette façon de voir a été largement promue par les éditeurs de logiciels ayant tout misé … sur le XML ! Et quand on connaît l'ampleur de leurs budgets publicitaires et marketing, on comprend mieux l'influence qu'ils ont pu avoir sur les leaders d'opinion et la presse spécialisée pour promouvoir leur vision de la bataille EDI versus XML.

Mais la réalité est têtue. Et aujourd'hui, force est de reconnaître que les développements dans le domaine des échanges inter-entreprises ne correspondent toujours pas aux prévisions annoncées.

Le premier obstacle au remplacement rapide de l'EDI par XML est représenté par la puissance du parc installé de l'EDI dans certains secteurs d'activité.

Ainsi dans le monde de la Grande Distribution ou de l'Automobile, une norme comme EDIFACT a été acceptée par plus de 90% des acteurs de ces secteurs, ce qui leur a demandé un effort d'une durée de… 20 ans.

On imagine ce que cet effort a pu représenter en investissement intellectuel, informatique ou encore organisationnel.

Aujourd'hui, dans ces secteurs d'activité, l'EDI est ainsi devenu une norme de fait, bien maîtrisée dans ses mises en œuvre et ses performances.

Or les entreprises ne cherchent pas à faire plaisir aux éditeurs de logiciels, même orientés XML !, mais bien à assurer leurs opérations quotidiennes via des technologies éprouvées.

En outre, la plupart des investissements EDI étant désormais amortis, le coût actuel de l'EDI pour les entreprises est devenu faible, se résumant à des développements dits de maintenance. De plus, les départements informatiques des entreprises disposent désormais de nombreuses ressources humaines maîtrisant cet environnement, ce qui est encore loin d'être le cas pour les nouveaux développements basés sur le XML.

Mais l'argument qui pèse le plus en faveur d'une cohabitation prolongée entre l'EDI et le XML dans les entreprises tient au mode de conception de ces 2 langages d'échanges de données.

Si l'on regarde, sans passion, leur processus de maturation on s'aperçoit en effet qu'il est quasiment… identique !

Contrairement à l'image qui peut en être véhiculée, l'EDI n'est pas un langage qui aurait été imposé par les seuls éditeurs devenus depuis les seuls maîtres de son évolution.

Au cours de ces 20 dernières années, les entreprises de chaque secteur d'activité ont dans les faits largement participé à son élaboration au travers de nombreuses associations professionnelles.

Dans certains secteurs d'activité particulièrement concentrés comme l'automobile où il y a peu d'acteurs, ces derniers se sont même auto-saisis du sujet et, au travers d'un long travail de collaboration ont réussi à élaborer des procédures EDI communes.

Or que se passe t-il avec XML ? La même façon de procéder !

Et cela se comprend aisément : chaque secteur d'activité a besoin de définir un dictionnaire de termes communs qui lui soit spécifique et, pour ce faire, la seule manière de procéder consiste à regrouper les principales entreprises du secteur concerné qui, à force de compromis, vont pouvoir se mettre d'accord sur des définitions communes qui s'imposeront aux autres acteurs.

 
   


Et ce processus est sans fin dans la mesure où les besoins évoluent sans cesse.

Or, seules les grandes entreprises sont capables de faire ce travail de normalisation car ce sont elles qui en ont le besoin le plus urgent mais aussi les moyens financiers susceptibles de soutenir un tel effort.

Avec XML on leur demande finalement de " recommencer " ce qu'elles ont péniblement mis 20 ans à concevoir. On comprend mieux alors leur réticence à migrer d'un langage à l'autre.

L'exemple des premières mises en œuvre de places de marché est là pour le prouver.

Dans les secteurs où prédominent l'EDI (Automobile, Grande Distribution), on constate que seules les places de marché promues par des alliances d'acteurs du secteur résistent face aux places de marché indépendantes.

La nature des informations échangées (commandes de produits, reporting, appels d'offres) et leur niveau d'intégration aux processus de production (cf. le travail en flux tendu) sont devenus trop stratégiques pour que les entreprises concernées laissent la gestion de ces flux aux mains d'un acteur tiers.

 
   


Cette réflexion n'est bien évidemment plus valable pour des secteurs où l'offre est tellement éclatée qu'aucun acteur ou même groupe d'acteurs n'a " intérêt " à fédérer les volontés pour prendre à sa charge la définition d'un langage commun (secteur de l'emballage ou du transport par exemple).

Dans ces secteurs, un ou deux acteurs indépendants pourraient alors réussir à imposer leurs propres places de marché.

Du côté des éditeurs, on constate que là aussi on est bien loin d'un XML vu comme un langage universel développé " spontanément ".

D'UDDI à Biztalk (Microsoft) en passant par OASIS (soutenu par IBM et Sun) et l'ebXML, les tentatives pour promouvoir un XML professionnel se sont multipliées, à chaque fois sous l'impulsion d'un groupe d'éditeurs et non à la manière Open Source des autres langages du Web (HTML, PHP, etc…).

Dans le même temps, XML de par sa simplicité (point très important : ces définitions peuvent être comprises en langage naturel par tous les collaborateurs de l'entreprise sans le filtre du département informatique) permet en effet aux petites et moyennes entreprises d'entrer facilement en relation entre elles sans avoir à déployer une architecture EDI plus lourde.

D'ailleurs les perspectives de développement d'XML restent très fortes, je pense en particulier à la syndication de contenu sur les sites Web, .. mais peut-être pas forcément là où l'EDI donne déjà entière satisfaction !

Comme vous le voyez, la "révolution" XML sera donc plutôt de l'ordre de l'évolution progressive dans les secteurs les plus "ancrés" dans l'EDI.

 
   
Retour aux titres
.
 
   

| Haut | Accueil | eCommerce | eChiffres | Humour | Archives | Liens Sites |
| ©Copyright | Confidentialité | Contact | Rapports | Expertise eShopability |

Les Dernières Tendances eCommerce : Abonnement Gratuit


Directeur de la Publication de ce Site Internet : Luc Carton