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Les premiers abus de position dominante pour des sites Web !


Homestore vient en effet d'annoncer que la fameuse commission antitrust, connue jusqu'à ce jour surtout pour son zèle anti-Microsoft, venait de diligenter une information à son encontre afin de regarder de plus près les conditions d'exercice de son business sur Internet (surtout son site realtor.com).

Il est vrai que le succès de realtor.com a de quoi "énerver" beaucoup de monde puisque le site est devenu, et de loin, le premier service de l'immobilier on line aux Etats-Unis (près de 1,9 millions de visiteurs en Février 2000 selon Nielsen NetRatings contre 800 000 pour Homefair.com, second site de ce classement).

 


Cet écart est avant tout le fruit ... du choix des internautes acheteurs qui ont adhéré aux services résolument customer centric du site, conçus pour répondre à leur besoins (contenu riche, personnalisation, large offre de produits, qualité de l'usabilité du site).

Les critiques des opposants au site s'adressent plus particulièrement à son programme de recrutement des agences qui limiterait les campagnes marketing des vendeurs de maisons.

Sont aussi mises en accusation les conditions de négociation de ces accords au sujet desquels realtor.com abuserait de sa position dominante. Il faut dire que realtor.com est devenu le site officiel de l'Association Nationale des Agents Immobiliers, ce qui lui donne de fait accès à une large base de produits.

Ces péripéties juridiques ne remettent pas pour le moment en cause les accords passés, puisque les deux partenaires ont annoncé en Mars vouloir développer en commun un service BtoB proposant le traitement des différentes étapes liées à l'achat d'un bien immobilier.

Même si pour le moment on cherche à calmer le jeu entre les 2 parties (le DOJ affirme n'avoir encore rien à reprocher à realtor.com, alors que ce dernier se dit prêt à collaborer pleinement avec la Justice), l'affaire ne devrait pas s'arrêter là.

Cette tentative est d'ailleurs significative d'une tendance de fond, puisque, récemment, l'association des agents de voyages s'est interrogée de la même manière pour savoir si le regroupement annoncé des principales compagnies aériennes autour d'une unique plate-forme Internet n'allait pas constituer une entrave à la concurrence.

Là encore, il semble difficile de discerner à priori ce qui chez ces intermédiaires "traditionnels" relève du noble souci de défendre l'intérêt du consommateur ... de celui de défendre leurs taux de commissions en forte baisse depuis plusieurs mois sous la pression de L'Internet !

Ce débat doit préoccuper dès aujourd'hui les responsables juridiques des grandes entreprises, dans la mesure où leurs sociétés s'impliquent de plus en plus dans de gigantesques places de marché aux ambitions hégémoniques (pensons à GlobalNetXchange, l'extranet commun à Carrefour et à Sears pour gérer leurs achats auprès de 50 000 fournisseurs !).

Lorsque ces dernières deviendront opérationnelles, quid des "fournisseurs" qui n'auront pas pu (ou voulu, ou su) s'y intégrer ? La tentation de ces derniers ne consistera-t-elle pas alors à se tourner vers les pouvoirs publics pour leur demander de réglementer ces services ?

Cette analyse vaut d'ailleurs aussi pour le futur service de réservation on line réunissant les compagnies aériennes européennes (BA, Air France) vis-à-vis des agences de voyages "traditionnelles" ou virtueles.

Quel que soit le résultat de ces actions en justice, les retombées, en terme d'image ou de nouvelles contraintes législatives, ne peuvent qu'être négatives pour les participants à ces plate-formes virtuelles .

Trois solutions sont alors envisageables concernant l'avenir juridique de ces sites "fédérateurs" :

  • Les participants à la plate-forme réussissent à mettre en ligne un unique projet à leur seul profit et, dans ce cas, on voit mal comment les pouvoirs publics pourraient être amenés à intervenir,

  • Les participants s'accordent sur la nécessité de confier l'organisation de la plate-forme à une autorité indépendante (rôle qui est sollicité à ce jour par des éditeurs de logiciels comme Ariba ou CommerceOne, ou d'importants cabinets de conseils) en charge d'établir des règles du jeu équitables pour tous,

  • Le problème ne se pose plus ! N'oublions pas en effet que les participants à ces plate-formes restent de féroces
    concurrents par ailleurs et que les causes de "fâcherie" ne manqueront pas le jour où il s'agira de définir précisément qui fait quoi dans ces projets (budgets, répartition des centres de décisions, définition des orientations, entrée de nouveaux partenaires, etc...).

    ce ne serait pas la première fois que des projets basés sur "d'évidentes synergies" ne voient jamais le jour ou donnent naissance à plusieurs concurrents ce qui règle le problème juridique de l'abus de position dominante.


Source : Inman News

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Directeur de la Publication de ce Site Internet : Luc Carton